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Suis-je alcoolique? Une question fréquente… et légitime

Dernière mise à jour : il y a 14 heures


jeune femme qui se demande si elle est alcoolique
« Suis-je alcoolique? » C’est une question que beaucoup de personnes se posent un jour, parfois en silence, parfois avec inquiétude ou honte. Elle émerge souvent après plusieurs brosses désagréables, une difficulté à contrôler sa consommation ou simplement une intuition intérieure que quelque chose ne va plus. Pourtant, cette question mérite aujourd’hui d’être reformulée. Non pas parce qu’elle est mauvaise, mais parce que le terme “alcoolique” n’est plus utilisé par les instances médicales et scientifiques. Depuis plusieurs années, on parle plutôt de trouble lié à l’utilisation de l’alcool. Ce changement de vocabulaire n’est pas anodin: il reflète une compréhension plus fine, plus humaine et moins stigmatisante de la réalité de la consommation problématique d’alcool. Alors, comment savoir où l’on se situe? Et surtout, comment s’évaluer sans se juger?

Le terme “alcoolique”: pourquoi n’est-il plus utilisé?


Historiquement, le mot alcoolisme était utilisé pour désigner une dépendance grave et chronique à l’alcool. Il est encore largement présent dans le langage courant notamment dans les fraternités anonymes. Toutefois, il ne fait pas partie des classifications médicales officielles. Pendant longtemps, ''être alcoolique'' était perçu comme un état figé: on l’était ou on ne l’était pas. Cette vision binaire a contribué à la stigmatisation, l'anonymat, à la honte et au déni. Les approches actuelles reconnaissent plutôt que la relation à l’alcool se situe sur un continuum, allant de l’usage occasionnel à la dépendance. C’est pourquoi on parle désormais de trouble lié à l’utilisation de l’alcool.


Ceci dit, les AA étant précurseurs dans le domaine, je pense que ça vaut la peine de consulter ce test pour voir si leur modèle vous parle:



Il y a aussi le site de Drogue, aide et référence qui propose ce questionnaire d'autoévaluation: https://www.aidedrogue.ca/la-dependance/questionnaires-dautoevaluation/


La définition du DSM-5: le trouble lié à l’utilisation de l’alcool


Le DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l'Association américaine de psychiatrie) utilisé dans de nombreux pays, définit le trouble lié à l’utilisation de l’alcool à partir de 11 critères cliniques.


Ces critères incluent notamment :

  • boire plus ou plus longtemps que prévu;

  • vouloir réduire ou arrêter sans y parvenir;

  • passer beaucoup de temps à penser à l’alcool, à en consommer ou à en récupérer;

  • ressentir des envies fortes (cravings);

  • continuer à boire malgré des conséquences sur la santé, les relations ou le travail;

  • développer une tolérance (avoir besoin de plus pour ressentir les mêmes effets);

  • vivre des symptômes de sevrage.


Selon le nombre de critères présents sur une période de 12 mois, le trouble est qualifié de:

  • léger (2 à 3 critères),

  • modéré (4 à 5 critères),

  • sévère (6 critères ou plus).


👉 Cette approche montre clairement qu’il n’y a pas une seule réalité, mais une pluralité de situations.


La perspective de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)


L’Organisation mondiale de la santé (OMS) utilise une approche similaire dans la Classification internationale des maladies.


Les 6 critères de la dépendance de la Classification Statistique internationale des maladies de l’OMS (CIM 10)


Pour faire ce diagnostic, au moins 3 des manifestations suivantes doivent avoir été présentes en même temps, au cours de la dernière année:


  • le désir puissant ou compulsif d’utiliser une substance psychoactive

  • des difficultés à contrôler l’utilisation de la substance

  • un syndrome de sevrage physiologique quand le sujet diminue ou arrête la consommation d’une substance psychoactive ou l’utilisation de la même substance (ou d’une substance apparentée) pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage

  • la mise en évidence d’une tolérance aux effets de la substance psychoactive: le sujet a besoin d’une quantité plus importante de la substance pour obtenir l’effet désiré

  • l'abandon progressif d’autres sources de plaisir et d’intérêts au profit de l’utilisation de la substance psychoactive, et augmentation du temps passé à se procurer la substance, la consommer, ou récupérer de ses effets

  • la poursuite de la consommation de la substance malgré ces conséquences manifestement nocives.


D’autres repères utilisés en santé publique


Plusieurs instances de santé publique, au Canada comme ailleurs, proposent aussi des repères de consommation à faible risque. Ces lignes directrices ne servent pas à diagnostiquer mais à aider à réfléchir à sa relation à l’alcool.


Elles rappellent notamment que:

  • aucune quantité d’alcool n’est totalement sans risque;

  • le risque augmente avec la fréquence et la quantité;

  • certaines personnes sont plus vulnérables que d’autres.


Ces repères ouvrent surtout la porte à une question essentielle:👉 Quelle place l’alcool prend-il dans ma vie?


S’informer pour mieux choisir: comprendre les risques de l’alcool


Connaître les risques liés à l’usage de l’alcool n’a pas pour but de faire peur ni de culpabiliser mais de redonner du pouvoir à la personne. L’alcool agit sur le corps et le cerveau de façon cumulative: il peut influencer l’humeur, le sommeil, l’anxiété, la mémoire, la santé digestive et hépatique, ainsi que la capacité à réguler ses émotions. À plus long terme, il est associé à un risque accru de maladies chroniques, de troubles de santé mentale et d’isolement. Être informé de ces effets permet de faire des choix plus conscients, alignés avec ses besoins réels et son désir de bien-être, plutôt que guidés uniquement par l’habitude ou l’automatisme. Lire l'article suivant pour connaître les risques de l'alcool pour la santé: https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/dependance-aux-drogues/alcool/risques-sante.html


Se poser les bonnes questions (au-delà des étiquettes)


Plutôt que de se demander « Suis-je alcoolique? », il peut être plus aidant de s’interroger ainsi:


  • Est-ce que je bois pour fuir, apaiser, engourdir ou tenir le coup?

  • Est-ce que l’alcool prend plus de place que je ne le voudrais?

  • Est-ce que je me sens coupable, inquiet ou divisé par rapport à ma consommation?

  • Est-ce que j’ai déjà tenté de modifier ma relation à l’alcool sans succès?


Ces questions ne posent pas un diagnostic mais elles ouvrent un espace de conscience. Et souvent, c’est précisément là que commence un chemin de changement.


Et si la vraie question était: ai-je une relation saine avec l’alcool?


L’alcool est souvent présenté comme un élément «normal» de la vie sociale: on le voit associé à la gastronomie, aux célébrations, aux soirées distinguées. Cette image glamourisée crée l’illusion qu’il s’agit d’un simple plaisir alimentaire, presque d’un ingrédient comme un autre. Pourtant, cette normalisation peut créer des dommages potentiels en banalisant les risques, minimisant les impacts sur la santé et créer une pression sociale subtile: si tout le monde consomme, pourquoi ce serait un problème? Pour plusieurs personnes, cette idéalisation masque la réalité de la dépendance et retarde la prise de conscience. Reconnaître ce décalage entre l’image publique et l’effet réel de l’alcool est souvent une première étape essentielle pour valider si nous avons une relation saine avec l'alcool.


Le débat n’est plus de savoir si nous sommes alcoolique ou pas. Il s’agit plutôt de reconnaître que notre rapport à l’alcool peut devenir coûteux. Beaucoup de personnes fonctionnent très bien en apparence, respectent leurs obligations, ne boivent pas tous les jours et ressentent pourtant une perte de liberté intérieure. D'autres, se donnent l'étiquette d'alcooliques fonctionnels ou se disent: je suis alcoolique mais je m'assume. Le trouble lié à l’utilisation de l’alcool n’est pas une identité. C’est une description clinique et une réalité réversible. Je dis souvent qu'on ne penserait jamais donner de l'alcool à notre chat, notre chien, notre enfant... si ce n'est pas bon pour eux, ce ne l'est pas pour nous non plus. Reconnaître que quelque chose cloche dans notre relation avec l’alcool n’est pas un aveu de faiblesse: c’est un acte de lucidité.


Que tu sois en train de t’interroger, de douter ou de constater un malaise grandissant face à ta consommation, tu n’as pas à traverser ça seul·e. Il existe des ressources, du soutien et des chemins adaptés à chaque personne.


Pour prendre rendez-vous avec moi: www.harmoniom.com/réservez


Bonne réflexion,

Geneviève



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